Le geste de s’asseoir
LE GESTE DE S ‘ ASSOIR :
Mon premier geste fut de « faire une chaise ».
Comme si « faire une chaise » était l’acte fondateur de tout dessein de mobilier. En quoi le fait d’y déposer nos postérieurs
rendrait-il l’objet si important ? Dans nos sociétés occidentales, nous y passons certes du temps : travailler, écrire, manger, parler, …
la chaise est le support prosaïque de nombre d’actes quotidiens. Dans d’autres sociétés, la chaise n’existe même pas, ou alors uniquement
comme signe du pouvoir. Mes chaises se situent un peu entre ces deux fonctions, certes ce sont des objets d’usage comme il se doit,
mais elles ont aussi une charge symbolique qui exprime d’autres choix que celui de s’asseoir.
Certes, le matériau et la technique utilisés les rendent lourdes, il est vrai qu’elles peuvent rouiller, elles sont d’un contact froid.
Et de plus, contrairement au lit, la chaise en métal n’est pas tellement courante dans notre culture.
Pourtant, par rapport à une chaise en bois, j’ai découvert à quel point elle permettait un geste simple et pur, la matérialisation d’un signe
presque calligraphique dans l’espace, une apparente légèreté d’écriture où la technique se fait souple
au service de l’idée.
Et puis finalement, pour une idée, c’est vraiment confortable.
Asseyez-vous, vous serez surpris…
Texte écrit en 2001 pour célébrer les chaises en fer forgé
Extrait de « L’éloge du fer» fascicule 4 du livre
“By Agnès Emery Par Agnès Emery”