« CHANGE  UN  PEU  L’ABAT-JOUR » :

ll n’y a sans doute rien qui symbolise mieux le confort bourgeois dans son aspect le plus coincé et étouffant que l’abat-jour.
L’abat-jour a pour office de domestiquer la lumière, car il faut que « rien ne gêne » ni vienne troubler le silence
assourdissant des non-dits.
Et pourtant ! Pourtant, je suis bien obligée de reconnaître que rien n’est plus agréable que la douce lumière qu’il diffuse aimablement
sans hausser le ton. Faute donc d’avoir trouvé par quoi le remplacer, j’ai choisi d’essayer de lui faire raconter une autre histoire,
moins conventionnelle. Alors il s’imprime de « Méchants Oiseaux » ou de toute sorte de chimères qui parfois le traversent
ou dansent la ronde autour de son flanc…  Il se fait velours opaque et sombre en contre-jour,
tout doublé de papier de couleurs fortes pour le mystère. Il se fait aussi voile pour tamiser une lumière où des ombres chinoises
viennent réveiller l’imaginaire.  Car finalement il faut bien peu de choses pour bousculer cet objet trop sage. Le 5 Février 2002

Extrait de « Agenda de la vie quotidienne » fascicule 3 du livre 
“By Agnès Emery Par Agnès Emery”