Les FAUX-IZNIK
De faux Iznik parce que les seuls vrais sont très anciens et ornent les murs de Topkapi et des mosquées d’Istanbul.
Hélas la production turque actuelle, soit trop laborieuse, soit trop habile, est en tout cas fabriquée pour devenir
des «souvenirs de Turquie ».
Leur prix exorbitant pourrait autoriser éventuellement à acheter une méchante copie en décalcomanie fabriquée
à la machine en Italie, mais certainement pas à en couvrir des murs.
Je suis donc repartie d’Istanbul à la fois éblouie par les anciens carrelages, et en même temps fort dépitée
de ne pas pouvoir ajouter un seul carrelage issu de cette superbe tradition dans nos magasins. Mais alors, avoir revu les carreaux
d’Iznik et observé leur éclat extraordinaire à la lumière de ma récente culture du carrelage m’a fait découvrir une similitude
de technique avec celle de potiers indiens établis à Jaipur.
Par quel long cheminement cette technique a voyagé, je l’ignore, mais il y a bien là usage d’un mélange savant où dominent
le quartz et le verre, ce qui finalement donne à la surface émaillée un éclat et une profondeur bien différents
de celui de la glaçure sur la terre cuite.
J’ai donc dessiné quelques motifs floraux plus ou moins stylisés et encore tout vibrants de ma rencontre avec les Iznik.
Les Indiens les ont tout de suite intégrés, eux qui vivent de manière si imbriquée avec les plantes et les animaux que ceux-ci
semblent jaillir partout au propre comme au figuré, partageant les espaces avec les hommes dans la rue, peints ou sculptés
dans chaque recoin disponible.
Voici des carrelages peints à la main, d’un coup de pinceau agile en poil de queue d’écureuil,
pour les salles de bains des pachas contemporains.
Mais, depuis, comme nous avons cessé de courir le monde à la recherche de carreaux rares, notre stock s’est presque envolé
et nous les avons retirés du catalogue tout en continuant à vendre ceux qui restent jusqu’à épuisement de ceux-ci.
Il nous reste à espérer que, également conscients des enjeux climatiques, nous ne serons pas remplacés par un tourisme intensif !
J’ai également tenté une version « Peinte à la main » dans mon atelier, mais assez loin de mon « style »
et en tout cas très chère à cause des nombreuses couleurs nécessitant une cuisson pour chacune d’elles.
En guise de souvenirs voici quelques images des jolies réalisations de Maria Speake (Retrouvius) avec nos faux-Iznik :