HOMMAGE A L’ART NOUVEAU
Avant de créer des magasins, j’étais architecte.
Faute de trouver pour mes chantiers des carrelages qui me plaisaient sur le marché, j’utilisais des carreaux de récupération.
Et notamment un élégant carreau émaillé blanc Art nouveau qui trouva très naturellement sa place
dans la rénovation d’une maison pour une belle italienne.
Des années après, ce carreau n’ayant rien perdu de sa beauté à mes yeux, et mon pouvoir d’éditeur d’objets s’élargissant,
j’ai cherché à le reproduire en Inde. Non que l’Inde soit un pays qui a particulièrement développé l’art de la céramique,
mais en revanche le relief et la sculpture y habitent la moindre architecture. On y trouve aussi encore beaucoup de mobilier
en bois de l’époque coloniale décoré de carreaux à motifs floraux en relief, très proches de mon modèle.
Aussi je ne fus pas très étonnée de découvrir une petite production de ce type de carreaux. Le temps de mettre mon projet
à exécution, cette production avait disparu et était remplacée par des carreaux d’un style que je qualifierai de « mou »
et qui n’a rien à envier, dans la décadence, aux pires productions de masse italiennes. Heureusement, ici il s’agissait
seulement de la reproduction du modèle original. Alors cette réédition, que j’ai voulue avec assez d’opiniâtreté pour persévérer
si longtemps à vouloir la réaliser, est devenue pour moi le symbole de ce que je dois à l’Art nouveau.
C’était en 2006 et tout a changé depuis, nous avons cessé de courir le monde à la recherche de carreaux rares.
Et mon fournisseur indien a décidé d’arrêter ce produit bien trop difficile à réaliser et générant des quantités trop réduites
pour être rentables. J’ai bien essayé ensuite de les réaliser en France et en Belgique mais au fond le constat
était le même pour les producteurs, nous amenant à demander à notre clientèle un prix trop élevé donc générant des quantités encore moindres.